Le soleil est au jardin, l'artisan de mille merveilles et son pire
ennemi! Tout dépend de la saison et de l'heure, de l'endroit et du végétal
qu'il cajole ou achève...
Si en moment, il
est redoutable, c'est aussi lui qui se glissant sur le talus, défiant les
ombres conjuguées des mimosas illumine en fin de journée la Stipa tenuifolia.
Issue d'une poignée de graines négligemment jetée aux quatre vents elle a eu la
bonté de bien vouloir germer et de grainer à son tour, je récupère
régulièrement ses rejetons. C'est un souvenir végétal d'une amie encore plus
passionnée de nature que moi, de ceux qui sont plus en connivence avec les
plantes que les gens...j'avoue que j'en suis parfois.
Au coeur de cet
été particulièrement sec à défaut d'être très chaud, nous avons vu pire, je
lutte vaillamment contre le soleil et ses méfaits: rusés arrosages à des heures
indues, de très tôt le matin à très tard le soir, en passant par toutes les
autres heures de la journée, dès qu'une parcelle en fait ne risque plus d'être
touchée par l'astre scélérat, je l'imbibe soigneusement.
Pas trop souvent
mais en profondeur, quel que soit le moyen que le jardinier catalan utilise, de
l'arrosoir au goutte à goutte, du petit flot prolongé à l'inondation lente,
telle reste sa devise: jusqu'à plus soif mais le moins souvent possible. De
l'eau, il n'y en a jamais assez pour tout le monde!
Ici même les
succulentes la réclament, même le cierge du Mexique jaunit et se déshydrate!
Que dire de la
végétation agrippée aux collines qui grille doucement dans la stridulation des
cigales, plutôt rares ici cependant ?
En haut de l'une
d'entre elles, la plus proche du jardin, le feu a couru, il y a quelques
semaines, les pompiers l'ont maté en quelques heures mais je n'en menais pas
large. C'est une bonne partie de la Catalogne qui s'est embrasée, ce dimanche,
de chaque côté de la frontière, le feu se moque des conventions humaines. Il se
nourrit d'imprudence, de vent et de sécheresse, et de tous ces obstinés
végétaux qui poussent envers et contre tout entre deux cailloux, à
l'ombre des pins qui flambent comme des torches, sous le moindre rebord
rocheux, au fond de la plus étroite combe humide. Pour tous ceux-là, pour ces
hectares qui mettront des années à reverdir, le coeur me saigne, les larmes me
montent.
Samedi, la vallée
du Boulès à quelques kilomètres du village brûlait déjà et le ballet des
canadairs, des bombardiers à eau, s'est mué en véritable pont aérien pendant
toute l'après-midi d'hier au-dessus du jardin.
Au-delà de toute
la compassion que je ressens pour tous ceux qui sortent plus ou moins meurtris
de ce brasier, certains l'ont payé de leur vie...outre l'admiration et le
respect que j'éprouve envers les combattants de ces incendies qui par chez nous
sont souvent des pompiers volontaires, agriculteurs, commerçants, artisans,
tous métiers confondus, je me pose bien des questions.
Questions sur le
bien-fondé d'implanter un jardin d'agrément si près de la garrigue, livrée à la
sécheresse toute l'année, où le vent hurle quatre jours sur cinq, que le soleil
inonde en toutes saisons.
C'est bâtir sur du
sable, c'est contre nature et peut-être vain?
La souffrance des
plantes du jardin, même de celles qui sont censées être compatibles avec ce
climat extrême, me laisse de plus en plus souvent perplexe.
Quand j'ai
commencé à créer ce jardin, je n'avais pas toutes les données en main, j'aurais
dû d'abord observer au lieu de foncer tête baissée dans ce projet. Inconscience
donc d'abord, mais je me suis obstinée.
Jardinier depuis
si longtemps, j'en ai les réflexes, les défauts et les qualités aussi. Bourrue,
endurante, têtue, patiente me caractérise assez bien.
Mais n'est-ce pas
de la simple vanité qui me pousse à tenter l'impossible sur ce bout de terrain
grillé et caillouteux?
Quoi qu'il en
soit, j'ai planté...et implanté cahin-caha tant de végétaux...Que puis-je faire
d'autre maintenant que de tenter d'en prendre soin, le mieux possible?
Je ne peux me
défiler devant cet engagement: simplement continuer à apprendre, le comment
faire, le mieux faire au maximum de mes capacités.
Mettre ma
réflexion au service de ce qui souvent n'était qu'une envie égoïste de beauté,
le pire étant que j'ai réellement la main verte et que je m'apprête à
accueillir notre première récolte de 'Mirabelles de Nancy' en pays
catalan...
J'imagine bien les mirabelles bien parfumées et gouteuses avec le soleil si présent par chez toi !
RépondreSupprimerNous avons bien pensé à toi lors de tous ces incendies ravageurs de ces derniers jours.Quelle désolation et quelle tristesse à chaque fois .
Les mirabelles seraient mieux à Nancy, je pense...là, elles sont sous filet pour que les oiseaux nous en laissent un peu, pêches données par nos voisins agriculteurs, poires de notre grand poirier qui donne régulièrement à présent. Je suis dans les congélations et les confitures, les crumbles,les compotes et salades de fruit aussi! l'été a ses bons côtés!
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