arbustes du jardin de La Rose Verte

samedi 24 mars 2012

Ballet


Rosier François Juranville 

Rosier François Juranville 



Ils sont deux que le chantier de maçonnerie malmènent, deux que j’ose à peine photographier depuis deux ans tant leur environnement est horrible ! Le mur sur lequel ils seront enfin palissés, est en voie d’achèvement, du moins, je veux y croire.
François Juranville est un rosier bien plus ancien, créé par Barbier en 1906, que Malvern Hills, un Austin de 2000 mais ils se marient très souvent et s’aiment d’amour tendre, c’est évident.
L’un remonte, l’autre pas ou peu, quelques boutons nacrés et chiffonnés pour poser une touche de blush sur les pommettes crèmeuses de Malvern qui s’ouvre bouton d’or, s’éclaire peu à peu de jaune pâle mêlé de crème  pour finir presque blanc, ombré de rose pour plaire à François bien sûr ! D'ailleurs parfois, je ne sais plus qui est l'un, qui est l'autre.
J’adore ces deux rosiers entre le grimpant et le liane, tiges arquées et un peu rigides pour Malvern Hills, longues et graciles presque inernes pour François Juranville.
Pour les sauver des projections de ciments et de crépi, nous avons réalisé deux petits portiques grillagés en épi par rapport au mur ; pour l’instant, ils étaient ligaturés à la diable sur le figuier sur tige et faisaient grise mine.
Mais débourraient quand même furieusement, alors je me suis décidée, l’entreprise me paraissaient ardue et le sera sans doute un peu plus pour Malvern aujourd’hui, mais qui sait ?
Hier soir, très tard, quand entre chats et chauve-souris , la nuit descend peu à peu, j’ai profité du calme et du silence pour installer François sur son nouveau support.
S’en est suivi un drôle de ballet, une envolée précautionneuse de longues branches souples et pourprées que j’ai dénouées d’abord avec précaution, puis affranchies de leurs semblables toutes emmêlées. Chacune fut posée sur le sol, sur le mur en construction, sur le figuier, jusque sur mon épaule ou mon avant-bras, avec moult précautions.
Tout en tournant autour du futur support, en démêlant la longue chevelure, trois à quatre mètres parfois pour certaines tiges, je parlais à mon rosier, l’assurant que ces risquées manipulations n’étaient que sollicitude et tendresse.
Aucune branche cassée ni même blessée, aucune estafilade non plus, pourtant je travaille toujours sur mes rosiers à mains nues. J’ai pris mon temps et du plaisir aussi à cette tâche qui aurait pu paraître ingrate et le rosier et moi en avons récolté tous les fruits.
Le soleil matinal l’a trouvé taillé légèrement, affranchi de son peu de bois mort, le plus joliment possible palissé très à l’horizontal sur son petit portique, qu’il recouvre déjà de ses jeunes feuilles rouges.
La sève s’en trouvera ralentie et l’aidera à m’offrir sa généreuse et émouvante floraison, je lui fais toute confiance pour m’offrir un tendre printemps !
Mais, j’ai dès hier soir été remerciée au-delà de mes espérances, à peine la dernière tige glissée entre les mailles du grillage, j’ai deviné incrédule, un chant inespéré dans les branches des grands chênes du fond du terrain.
Il était déjà là, à peine revenu, il le faisait savoir à tout le peuple ailé du jardin et de sa colline attitrée.
Je l’espère dès début avril mais cette année, il est en avance, le rossignol nous a donné sérénade jusqu’à nuit complète.
Moment parfait, sensations subtiles et délicieuses, les mélodies jamais identiques, si nettes, si pures dans l’air immobile, la nuit qui avance, le jardin qui respire, la terre qui renvoie la tiédeur de ces premiers jours de printemps…
Un chat pelotonné sur le mur, l’autre frôlant mes chevilles, la silhouette à contre- jour des arbres que nous avons planté, ma vie est là dans le pourpre d’une feuille de rosier et sa promesse de beauté. 






"Rosier Malvern Hills"

"Rosier Malvern Hills"

jeudi 22 mars 2012

Instants de beauté

Fleur de prunus pissardii, elle...distinguée parmi toutes ses semblables, offrande au printemps 
A peine nées, déjà rehaussées de vermillon, maquillage sophistiqué des  feuilles d'érable japonais  
Jeunes pousses de photinia s'ébrouant dans le soleil revenu 



Il est bon parfois de se taire, de faire silence pour mieux partager quelques instants, au jardin, ces derniers jours





Magnolia épanoui sous l'ondée 

Pivoine arbustive, alanguie sous les perles de pluie 

Ouverture d'un nouvel album dans ma galerie, pour vous prendre la main et simplement vous emmener au jardin quand les mots sont à peine de mise pour dire la beauté, la grâce, l'émotion.
Je me dois de partager de telles chances mais il me manque parfois et la force et le savoir faire pour y parvenir.

jeudi 8 mars 2012

Faux printemps

Liquidambar styraciflua

figuier



Pardonnez-moi, les images datent un peu, les bourgeons sont toujours là mais certaines feuilles se déplient déjà !
C’est que tous les ans, je suis déboussolée par ce faux printemps qui déboule chez nous à la fin février et dure parfois jusqu’à mi-avril pour ensuite basculer dans l’été dès la Pentecôte !

Dimanche dernier, nous avons profité  de notre première grillade au jardin, il n’y avait pas de vent et l’ambiance était idyllique sous le mimosa. Ce matin, la tramontane est glacée et déverse ses giboulées aux quatre coins du terrain, ces quelques gouttes d’eau ne sont pas du luxe, nous ne savons plus au juste à quoi ressemble la pluie et l’inquiétude monte…
Si dans le pire des cas, nous n’avons pas de vraies précipitations dans les deux mois qui viennent, il nous sera insupportable d’affronter l’intense été méditerranéen !
Il y a si peu de temps, il gelait si fort ! Tous ces brusques changements ont de quoi nous faire perdre la tête et les végétaux ne vont guère mieux.
Fin janvier, j’ai rapporté de Mimosalia, exposition horticole sur la Côte d’Azur, deux tropicales assez rares qui devaient grimper sur les murs du patio. Bien sûr, j’ai eu le bon sens, de les maintenir hors gel, durant les grands froids, puis de les abriter dans l’endroit le plus chaud et ensoleillé que je puisse trouver ensuite. Hors là, je viens de vérifier que leurs feuilles terminales ont grillé, pas de froid non, d’excès de soleil ! Et nous sommes loin des 50° qu’encaissera cet endroit dès Pâques !
Je vais m’éviter d’autres déconvenues et les offrir à un ami possédant des serres chaudes où elles trouveront peut-être leur bonheur !
Il m’en faut beaucoup plus que ça pour me décourager et je plante toujours et encore…mais des rosiers, des genévriers, une pivoine arbustive (à la mi-ombre !) et oui, j’avoue, je vais cultiver une acanthe en arbre, rescapée de la même exposition, elle ne tient que le moins cinq et si elle a le temps de prospérer cette année, est sûre de n’avoir pas à batailler trop longtemps ! trop fragile la demoiselle ! Je la plante devant l’aralia elata, l’angélique en arbre, aux piquants acérés qui mesure maintenant près de 3 mètres. L’acanthe arborescente est armée aussi mais beaucoup moins, mieux vaut tomber dans les bras de l’une avant que d’embrasser l’autre !
Je vous laisse, trois rosiers rouges ‘The Fairy’ m’attendent ainsi qu’un bel hybride moderne mauve ‘Charles de Gaulle’, pas trop au soleil ceux-là non plus, si je veux que leurs couleurs tiennent sous l’astre catalan !
Il me faudrait parler de l’amandier qui finit sa floraison sans trop de gelées pour l’instant, du cognassier Vranja qui débourre déjà et surtout de cet aigle botté, le plus petit des aigles parait-t-il, qui m’a fait quand même beaucoup d’effet !sacrée envergure…Nous l’avons observé aux jumelles, perché tout en haut d’un chêne au revers de la colline, jambières blanches froufrouteuses, brun par ailleurs et cette tête un peu plate avec une sorte de toupet, très caractéristique.
N’espérez pas de  photo : je suis nulle dans le domaine animalier ! Un lien peut-être…
http://observatoire-rapaces.lpo.fr/index.php?m_id=20043
Trop tôt en saison pour être un migrateur rentré du sud de L’Espagne ou même d’Afrique, non, celui-là devait faire partie des sédentaires trop bien chez nous pour s’en aller voir ailleurs ! Un peu comme moi, qui n’est pas si insatisfaite de ce faux printemps fantasque !    

Aralia elata

Euonymus planipes

vendredi 2 mars 2012

Celui qui revient de loin!

Un parasol naturel de 4 à 5 m, au cube! 

Sa floraison a débuté avant le gel et repart de plus belle avec  la douceur revenue



Le vent et le soleil rehaussent sa beauté, dommage qu'il soit frileux et craigne la neige aussi!





C'est cette impression de légèreté plumeuse associée au capiteux parfum qui  m'envoûte! 



Entre Boudu et moi, c’est une histoire d’amour qui dure depuis plus de dix ans !
Il ne fut pas sauvé des eaux mais du sécateur vengeur du premier jardinier, et plusieurs fois, j’ai du même m’interposer physiquement, lui faire un rempart de mon corps !
Il faut admettre que laisser pousser un mimosa issu de semis n’est pas sans risque…
Le premier étant de se retrouver avec toute une armée de mimosas à son image au bout de quelques années, les mimosas spontanés rejettent abondamment.
Heureusement il a eu la bonne idée de rester unique ! C’est probablement un hybride naturel entre le mimosa cultivé de notre voisin et notre vieux mimosa de garrigue, presque trentenaire.
D’ailleurs les floraisons de nos deux mimosas sont décalées d’une semaine ou deux, c’est le plus jeune qui ouvre la saison avec des fleurs un peu plus grosses et un port plus souple que son aîné.
Sous Boudu rien ne pousse, ses racines de surface en nappe ont même eu raison d’un pauvre érable japonais, étourdiment planté en terre, dans son ombre…
Qu’à cela ne tienne, pas question de ne pas profiter de ce parasol naturel, il y a maintenant plusieurs érables japonais qui le cernent, bien tranquilles dans leurs pots, mais enfin quand même !
Bon, je n’ai pas pu semer trop près ma petite pelouse de poche et dès que je gratouille un peu le large chemin qui le contourne, il se dégage une odeur désagréable, très caractéristique qui signe la présence de ses racines.
Mais ni lui, ni le vieux mimosa planté sur un talus qui le surplombe n’ont pour l’instant créé de souci à la terrasse ou aux murets tout proches, pourvu que ça dure !
Il a eu la bonne idée de pousser juste dans l’alignement d’un angle de la maison et l’été, son ombre rend tolérable la chaleur dans le séjour…de plus, nous avons l’impression que le jardin s’invite dans la maison par les deux baies vitrées et c’est très agréable.
J’ai eu bien peur pour lui cette année, le vieux mimosa a gelé jusqu’à la souche en février 1985, il y avait eu -13°, plusieurs jours d’affilée…cette fois-ci, -10° seulement et une ou deux nuits de tramontane mais quand même l’Acacia dealbata, c’est son petit nom en latin, n’est justement rustique qu’aux alentours de cette température.
Leurs floraisons ont été suspendues quelques jours, quelques grappes florales ont grillé, les plus ouvertes et puis dès le redoux, tout a continué de plus belle !
Il s’en est fallu quand même d’un cheveu…il ne serait probablement pas mort et serait reparti de la souche comme l’autre mimosa mais le risque était grand !
Cultiver le mimosa en Roussillon, c’est l’exposer à une possible mort de toute sa partie aérienne, tous les trente ans environ, c’est un pari que j’aurais aimé ne pas prendre, j’aurai peur pour les mimosas du jardin, chaque année !
Ils repoussent très vite et en moins de cinq ans, ils reprennent leur taille adulte, de 4 à 6 m de haut avec un port globulaire en général.
Boudu a presque atteint sa pleine maturité, on l’aperçoit au-dessus du toit de la maison, j’espère vraiment qu’aucun printemps ne le verra disparaître de nouveau, obligé de repartir de terre !
En attendant, je crois bien que pour cette année, c’est gagné et je me régale de voir les fauvettes à tête noire sautiller dans ses branches en picorant les fleurs.
C’est à la tombée du jour que son parfum est le plus puissant, toute la maison en était embaumée tout à l’heure !



Le voyez-vous, qui pointe le nez au dessus du toit!