arbustes du jardin de La Rose Verte

dimanche 26 février 2012

Disparition

Exochorda serratifolia 'Snow White'


J’ai éteint le soleil, j’ai suspendu le jour, et tout le reste aussi.
C’est comme une porte qui claque et se referme à jamais, c’est comme la nuit brutale que  ne suit aucune  aube, c’est comme une phrase  commencée et plus jamais finie.
Une amie de très longtemps vient de mourir, je l'ai appris à travers ces machines qui relient désormais les êtres humains.  Un déroulement de faits, un jour, une heure et voilà tout est dit, tout s’achève.
Pour parler de la vie, les mots ne nous manquent jamais, si pressés que nous sommes de nous raconter plutôt que de savoir à qui nous parlons.
De la mort, il n’est pas de mise de parler ou le moins possible, est-ce parce que nous n’en savons presque rien ou parce qu’elle fait si peur à la plupart d’entre nous ?  
Mon amie Linda savait les mots pour parler de la vie et de la mort, celles des autres d’abord, toujours, et des siennes aussi.
Pendant plus de vingt ans, nous avons tout partagé, nos bonheurs surtout, nos chagrins…le moins possible, par respect, par amour pour ne pas risquer de blesser l’autre…simplement à travers les mots de nos lettres échangées.
Linda aimait la vie passionnément, celle qui toujours tournée vers les autres, vous embellit, vous honore, vous grandit ! La seule qui vaille d’être vécue !
Je côtoie toutes sortes de façons d’être vivant et d’appréhender la mort et le chemin qui nous y mène à chaque jour qui s’éteint.
Quelles soient végétales, animales, humaines  pour moi, ne fait pas de différence.
Tout ce qui est vivant à conscience à sa manière de sa mort inéluctable et s’y prépare.
Un arbre en détresse, fleurit précocement pour tenter de se reproduire avant de mourir.
Nombreux sont les animaux qui se sachant mourants,  s’isolent, se cachent ou disparaissent.
Je viens de démanteler et d’abattre un cyprès Golden Crest que j’ai planté, soigné, taillé et à qui une maladie fongique ne laissait après deux années de lutte, aucune chance de survie.
Je ne vois depuis deux jours que la place vide qu’il occupait, que cette irrémédiable disparition … où peut-être un jour s’épanouira un rosier…
Quand j’ouvre le portillon du jardin, je veille toujours à le refermer derrière moi pour que notre chien mort depuis longtemps ne risque pas d’aller errer sur la route…
De la mort, je ne sais rien de plus que quiconque mais ce n’est sûrement pas, que cette absence brutale et circonstanciée qui nous bouleverse si fort.
Nos vies ne sont tissées que de ce que nous ont laissé tous ces disparus, ceux que nous nommons nôtres et tous les autres, de tous ces vivants depuis la nuit des temps.
Le moindre d'entre les vivants transforme notre monde, y laisse sa trace indélébile, à quelque règne qu’il appartienne, c’est en cela qu’il ne peut disparaître, que sa mort ne l’escamote pas !
Linda est morte en un lieu, ce jour et cette heure-là, mais ne venait du néant pas plus qu’elle n’y est retournée.
Elle continue d’accompagner tous les vivants qu’elle savait si bien rencontrer et à qui elle donnait tant!
J’ai planté en mars dernier l’Exochorda ci-dessus comme symbole de notre amitié et vais aller veiller sur sa jeune vie, difficile sous notre climat sec et chaud.
Si à ce moment, Linda sera très présente à ma pensée,  elle continuera surtout de m’accompagner chaque jour, toujours et partout, dans chacun de mes gestes, de mes ressentis, dans la façon même où je fais chaque pas sur le chemin de vie qui me reste, dans chacun de mes dons surtout et de mon enthousiasme !

jeudi 23 février 2012

Le meilleur et le pire





20° aujourd’hui officiellement et plus de 30° au soleil, après le -6° et la neige du début du mois, nous voici grands adorateurs du soleil, sous un vent léger !
Cela ne durera pas, nous arrosons déjà !
Tout particulièrement cette rose verte qui donne son nom au jardin et qui malgré la neige, le froid est la seule rose en bouton au jardin ! cachée derrière une grosse acanthe quand même. Elle a encore tout son feuillage, à peine un peu rougi par tous ces évènements…à moins qu’elle soit un peu émotive mais je parierai le contraire ! Ce n’est pas par hasard qu’elle est l’emblème du jardin…
Courageuse, tenace, vivace et endurante ! Généreuse aussi puisqu’elle n’arrête pas de fleurir depuis que je l’ai plantée !
Par contre, les cactus eux l’ont dure comme on dit chez nous…même en pot et au régime sec,  la grosse Opuntia panachée et cristée,  lovée pourtant dans le coin plein sud du Patio, l’endroit le plus chaud et le plus protégé du jardin. Elle est endommagée et va perdre quelques articles, j’espère quand même qu’elle survivra.
Cadeau fait par erreur à un ami qui s’avéra ne pas aimer ces choses qui piquent…c’est par chez nous, qu’elle s’est réfugiée et je me suis mise à l’aimer…avec précaution et pas de trop près, quand même.

Beaucoup d’incertitudes quant à la survie de nombreuses plantes du jardin, il va falloir attendre pour savoir, c’est pire que de devoir se faire une raison de suite…
Heureusement pour les agrumes tout a été fait qui pouvait l’être, arrachage, remise en pot, déplacements en situation plus protégée, nous serons fixés sur le sort de l’oranger et du limettier en extrême limite de rusticité, quand le printemps arrivera.
Tout le travail qui est à faire d’ici là, m’évitera de trop  penser au pire!






mardi 21 février 2012

Chaises musicales parfumées

L'oranger, citrus sinensis, rusticité -6, -8° c
Promesses d'orange, tenues en 2004 mais pas cette année!


Outre les relevés de températures que nous continuons de mener, de plus  en plus précis et circonstanciés, des décisions se prennent à propos des agrumes du Patio.
D’après les relevés de températures officiels, Perpignan connaît régulièrement un minima de -11°, ce qui signifie pour notre village -13°, l’écart de température est avéré et permanent.
Cette température est incompatible avec la culture de tous les agrumes en pleine terre sauf les poncirus qui résistent à -20° au moins et sont présents eux aussi aux deux extrémités du jardin, en plein vent et sans dommage aucun.

Ni l’oranger, ni le limettier plantés, il y a plus de cinq ans ne sont déplaçables: unique solution protéger au maximum les feuillages, le tronc, les charpentières avec plusieurs épaisseurs de voiles d’hivernage uniquement lors des gelées sinon apparition de maladies cryptogamiques entre autres dans cet espace confiné, du travail en perspective mais quand on aime…et puis aucune autre possibilité. Heureusement, ils sont installés tous les deux dans la portion du patio qui adossée à la maison est l'une des moins froides.

Les écarts spectaculaires de températures semblent liés comme il fallait s’y attendre, à l’exposition au vent dominant, la tramontane bien sûr ! Les déviations du flux d’air et ses rebonds sont pratiquement impossibles à calculer ; les angles de la toiture, les murs de la maison, les grands cyprès, les arbres ou constructions du voisinage, tout joue !

Mais il ne s’agit quand même pas de ruminer notre angoisse sans rien faire en attendant la prochaine vague de froid.
Les plus petits et les plus gélifs des agrumes vont être remis en pot les premiers, j’ai  commencé  par le minuscule mandarinier, j’espère qu’il a survécu!
Ceux-là seront abrités au maximum dans l’angle rentrant plein sud de la maison.
Le clémentinier assez rustique pourtant mais recevant la tramontane de plein fouet et le citronnier, souffraient depuis  plusieurs hivers…quand j’ai voulu les sortir de terre, il s’est avéré que leur motte racinaire était réduite à trois fois rien, inutile de leur imposer des souffrances inutiles, cela n’aurait débouché que sur une longue agonie de plusieurs mois, voire années.
 Le pamplemoussier sur tige, lui n’a aucune chance de tenir en pleine terre à long terme, mais pour cette fois, il s’en est tiré sans trop de dommage, remise en pot jeudi quand j’aurai pu évaluer la taille du pot qu’il lui faut !
 Pour l’instant les bigaradiers sont partiellement défoliés mais je pense que leurs charpentières sont intactes, nous le saurons bien assez tôt, restons optimistes !
Ils seront tous rempotés ce soir.
Hier, j’ai organisé une sorte de jeu de chaises musicales sur le Patio, tous les agrumes  en motte sont passés de containers en containers, d’un  pot de récupération  à un autre vieux de trente ans mais toujours là ! Il s’agissait de trouver qui serait le moins mal dans tel ou tel contenant.
Tout le monde est casé, en fonction de son futur développement et de sa masse racinaire actuelle, c’est provisoire, heureusement, car l’esthétique n’a pas été prise en compte.
Les pertes végétales subies au jardin, ont ramené le budget qui lui est alloué à presque rien…pour de longs mois.
Selon la reprise effective et son état suffisant ou non, chaque agrume se verra doté d'un contenant neuf en plastique ou en terre cuite, à chacun de faire ses preuves !
Avril nous verra peut-être plongés dans les délicieux parfums de tous ces agrumes fleuris.
Le cédrat de Corse, le bergamotier, le citronnier panaché, rentrés dans la maison fleurissent et fructifient  déjà, ils sont en pleine forme ! Que n’ai-je une pièce bien exposée à concéder aux autres, chaque hiver ! !
A moi les économies et les soins journaliers, ainsi que les prévisions pour l’achat d’un diable et l’aménagement  de l’abri de jardin qui doit devenir une serre froide maintenue hors gel  avec changement des portes qui seront vitrées pour apporter plus de lumière et une bonne isolation.
Je me vois  obligée, pas encore sortie de l’hiver, à prévoir déjà les  probables gelées du prochain.
C’est que débloquer un budget de cet ordre, exige de nombreuses restrictions et contraintes.
Cela ne va pas du tout avec  notre manière de vivre fortement ancrée dans le présent et rien que lui !
Même ce printemps 2012 qu’exhibe l’amandier presqu’en fleur au fond du jardin, n’est encore pour moi qu’une vue de l’esprit !
Tout autant que la haie de rosiers moschata , longue d’une dizaine de mètres qui sera implantée dès dimanche à la place de celle d’agrumes, enfin si le redoux persiste…
Notre jardin me donne encore une fois une leçon:
vivre au jour le jour mais sans ignorer demain et les  informations que nous ont donné le passé.

Beaucoup plus facile à écrire qu’à faire, les choses se compliquent diablement, je suis femme à relever le défi  mais avoue clairement que pour l’instant, cela fait très mal.

Nous avons deux arbres gélifs dans la cour d’accueil, il y a douze ans, j’écoutais encore quelques pépiniéristes peu scrupuleux, un eucalyptus dalrympleana et un schinus molle.
L’eucalyptus , c’était limite raisonnable, celui-ci supporte le -15°, déjà grand , l’éventuelle gelée à  -13° qui intervient environ tous les 30 ans ici, lui laissera quelques chances de se remettre.
Pour le schinus ou faux-poivrier, il en va tout autrement,  je me dois de prévoir le passage des élagueurs en avril et son abattage. Si par hasard, il a résisté cette année, en limite de rusticité avec un petit et court -7°, il ne tiendra pas plus bas et est donc irrémédiablement condamné à long terme.
Un cyprès de Florence sera pourtant planté cette semaine pour  augmenter l’écran végétal qui détourne un peu à cet endroit la tramontane.
J’ai le cœur bien trop tendre, pour décider  de supprimer le faux-poivrier  dès maintenant  mais il le faudrait peut-être.
Je mettrai des photos dans mon prochain billet et nous le verrons renaître pour une année encore ou non, un arbre de 4 mètres au cube, en sursis…

Le respect et l’amour que je porte au monde végétal me conduira désormais en toute responsabilité à ne plus planter que ce qui est rustique à -20°, après l’avoir vérifié,  avec une bonne marge de sécurité !
Le bien–être et la simple survie  de ceux à qui je propose de pousser dans notre jardin passant bien avant mes envies exotiques !   




Un bigaradier en pot, il devient pourtant en pleine terre, un arbre de 3 m de haut!





Fleurs de bigardier, un des agrumes les plus parfumés

Promesse d'un fruit plus petit et aplati qu'une orange, amer mais permettant de délicieuses confitures

vendredi 17 février 2012

Etalonnage

Osteospermum

Jasmin polyantha



Sortie de période de gel, pas si fort que ça, un bon -5, -6° sous abri je pense…
Je pense seulement, parce que personne n’en sait rien, enfin si …mais personne n’en est  à un degré près !
Pas  la météo, mon village bien sûr est assimilé à la ville la plus proche où les températures n’ont aucun rapport, enfin si, justement à quelques degrés près…degrés en plus en ville, en moins au village et encore moins  en rase campagne !
Mon village se niche au creux de collines, on y cuit l’été et l’hiver, une fois que le froid est rentré dans cette sorte de creuset…du diable, il n’en ressort plus, il y fait même plus froid qu’à 5 kilomètres en rase campagne !
Ceux qui nous vendent les végétaux dans la région , n’en sont pas non plus à quelques degrés près, ni même et surtout ceux qui achètent et cultivent ces végétaux !
Salades et artichauts de plein champ, avec des gelées rares mais régulières à -5° voire parfois à -13°, il y a moins de trente ans. Expliquez-moi…
Les oliviers gèlent parfois, les mimosas aussi, les eucalyptus, les faux-poivriers…je vous montrerai ce qui reste de celui de la cour d’accueil ! il repartira avec un peu de chance, juste devenu brutalement caduc…
Pourquoi  ce besoin de faire pousser, ce qui risque de mourir comme ça bêtement au détour d’un hiver…simplement parce que le thermomètre descend juste cinq degrés plus bas que d’habitude… ?
Dans une cour, protégé du vent, il y a même  un avocatier pas très loin de là où j’habite ! Enfin il y avait…je n’ose pas aller voir…Il est très gros, très vieux, il a peut-être tenu le coup…
Pratiquement depuis une dizaine d’années les hivers  sont régulièrement froids et la neige s’invite au moins un an sur deux ou trois au mieux !
Vous imaginez un citronnier de trente ans gelé jusqu’aux premières charpentières ou même jusqu’à la souche…un citronnier est rustique jusqu’à -5, -6° en sol drainé et sec.
Celui de notre patio est abrité du vent, il ne pousse pas vraiment mais supporte stoïquement d’être défeuillé totalement tous les ans ou presque ! j’ai récolté trois ou quatre citrons en dix ans ! Cela suffit !
Je le mets en pot, s’il redémarre dès ce printemps et je le bichonne et je le rentre hors gel si nécessaire, je ne vais pas attendre un an de plus que mon irresponsabilité le fasse geler !
Les bigaradiers eux aussi, ont pris une sacrée secousse, pourtant  ils sont beaucoup plus rustiques, le Yuzu ou le Citrus inchangensis  encore plus et pourtant leurs feuilles ont gelé ! comme les fruits des Kumquats qui n’étaient pas assez mûrs pour être cueillis !
J’ai des thermomètres minima maxima, trois seulement, parce que ce genre de matériel est  onéreux et fragile.
Je pensai avoir convenablement étalonné mon jardin,  et le patio était de loin l’endroit le plus chaud…seulement voilà,  à moins de trois mètres en raison de la protection d’un mur et de l’angle du vent dominant, il y a un écart de 5 degrés celsius ! Impensable mais vrai, j’ai même vérifié incrédule, que mes thermomètres fonctionnaient tous convenablement !
J’avais prévu un écart, les agrumes planté là, en haie, étaient les plus rustiques et le plus costaud, en première ligne, face au vent mais je n’avais pas mesuré l’écart réel…C’était juste la limite de rusticité de mes bigaradiers qui  ont eu chaud…enfin froid ! et  ça ne les fait pas rire du tout !
J’ai un peu honte de ma bêtise et de mon inconscience, de ma légèreté aussi dans la gestion d’êtres ni ne sont pas moins vivants que moi !
Je vais revoir ma copie, limiter les dégâts, je vous expliquerai.
Les photos ? une partie des végétaux du jardin qui sont peu rustiques, ils ont souffert, sont gelés partiellement ou entièrement, il faudra attendre pour le savoir.  

Podranea ricasoliana

Bougainvillées


Bulbine frutescens Hallmark

mardi 14 février 2012

Camélia or Camellia? That is the question....





Enfin, la première question parce que du côté des camélias, on ne fait pas dans le simple…quoi qu’il y en ait à fleurs simples.
Nos amis anglophones, ont préféré choisir d’utiliser leur nom latin, mais nous n’arrivons même pas à tomber d’accord sur l’orthographe, camélia peut s’écrire avec un ou deux l, c’est au choix mais le deuxième l fait disparaître l’accent, on francise comme Alexandre Dumas et sa dame aux camélias ou non.
Prudente, je conserverai les deux.
D’autant plus qu’il faudrait aussi préciser si l’on va parler du Camellia sasanqua, du japonica ou des hybrides de toutes sortes voire, si on veut faire dans l'exotique, du sinensis, le théier quoi!
Alors mettons les choses au point, les sasanquas viennent de finir de fleurir, depuis septembre, il fallait bien qu’ils se reposent un peu, et je n’en parlerai pas aujourd’hui!
Le théier pousse en climat chaud et humide, donc bien sûr pas au jardin et je vais le laisser dans son coin aussi.
Reste les autres, tous les autres, jusqu’à 250 espèces pour un seul genre selon certains botanistes et je ne parle pas des hybrides, mutations, cultivars de tout poil et pas non plus de ceux que chaque amateur créé par semis avec une frénétique délectation!
Bon en fait, je vais juste vous parler de ceux que je cultive dans le Carré aux Camellias, parcelle ainsi nommée justement parce qu’elle est relativement carrée et bourrée d’une quinzaine de camellias.
Je devrais quand même les compter, non?
C’est que je n’ai pas le temps! Il faut avoir un peu perdu la raison pour faire pousser des camellias en zone 9.
Comment?? Ne me dites pas que vous et les zones de rusticité, vous n’avez pas été présentés?!
Si vous voulez bien, j’en reparlerai cette semaine mais pour l’instant, je vais traduire en clair.
Ici, il fait trop chaud pour les camellias, trop chaud et trop sec aussi!
De plus les gelées qui arrivent n’importe quand en Roussillon et de préférence quand on les attend le moins, juste après un long automne qui ne savait même pas que l’hiver l’avait remplacé, vous grillent les fleurs déjà bien ouvertes, c’en est un bonheur!
La pluie aussi, s’en donne à cœur joie et transforme leur superbes fleurs en ravissantes éponges maronnasses et dégoulinantes!
Je n’aime pas les camellias?? Mais bien sûr que si, pourquoi sinon, m’ennuierais-je à les arroser tout l’été, à les engraisser de la fin de leur floraison au début de la suivante sans parler du gavage régulier au chélate de fer pour éviter que la chlorose ne réduise leurs feuilles vertes et luisantes en une mosaïque de dégradés de jaunes sur lesquels ressortent très bien les pitoyables nervures vertes!
En fait, c’est une longue histoire de transmission …de passion! Une histoire entre moi et un jardinier qui flâne maintenant sous le doux soleil du jardin d’Eden, il doit avoir là-bas tous les camellias dont il rêvait et même plus sans doute.
Pour la première fois cette année, le camellia issu de semis qu’il avait fait amoureusement lever et grandir, va fleurir! hybride de deux camellia japonica, l’un rose strié de rouge aux fleurs très doubles, l’autre à grosses fleurs simples d’un rouge très vif, comment sera-t-il ? Comme l’un de ses parents ou très différent ?
Entre le semis et la floraison de l’arbuste déjà assez grand, il s’est passé une dizaine d’années, ma curiosité et mon émotion  est à son comble! D’autant que je vais lui donner alors son nom…
Parfois je ne sais plus comment se nomment ses voisins où m’en souviens très bien ou vais sous peu, retrouver leurs noms dans la jungle de mes archives jardinières !
Celui-là c’est sû, sera vite et définitivement mémorisé!
Pourvu que les gelées et la neige n’aient pas irrémédiablement compromis sa floraison !
Non, j’ai confiance, ce sera pour ce printemps ! 



Camellia hybride 'Water Lily"

Camellia japonica "Désir" (dédié à  Irène Frain)

lundi 13 février 2012

Reine

Pommier Reine des reinettes


Le froid marque un peu le pas et j’en profite pour tailler, surtout au verger !
En général, je ne taille pas à l’automne comme nombre de jardiniers le font,  la descente de sève est tardive ici, et j’attends que mes fruitiers m’indiquent clairement qu’ils sont bien au repos complet pour donner les premiers coups de sécateur.
Cette année, la douceur a persisté très tard, en décembre, les cerisiers avaient toutes leurs feuilles !
Paradoxalement, il se pourrait bien, à voir le démarrage de certains végétaux que le printemps ne tarde pas tant que ça. L’amandier par exemple, est presque en fleurs!
Je vais donc me retrouver obligée de tout tailler en même temps ;  entre les rosiers, les fruitiers, la vigne et certains persistants, il va me falloir être partout à la fois  et je n’y arriverai pas !
Donc, tant pis, pour le vent et le froid, je mets deux paires de gants l’un sur l’autre, me la joue norvégienne avec trois à quatre épaisseurs de polaires et vais quand même au jardin au moins aux heures les plus chaudes du jour et  dans des endroits au soleil de préférence !
Depuis cinq, six ans, nous avons renouvelé pratiquement tous les arbres du verger et carrément déplacé celui-ci de l’autre côté de l’allée centrale du jardin, plus d’air, plus de place, plus de soleil !
En fait, certains vieux arbres sont encore là, je répugne à les abattre tant qu’ils donnent bien même si certains ont des chancres ou un tas de bestioles et j’ai tort et je le sais mais je ne m’y résous pas !
Les poiriers ne donnent plus beaucoup sauf un énorme poirier Williams qui s’est aperçu assez tard qu’il avait largement atteint  sa maturité et devait penser sérieusement à fructifier.

Le grand cerisier Heidelberg semblait  défaillir et nous lui avons donné promptement trois remplaçants, un Montmorency pleureur, et deux beaux gobelets, l’un de cerises noires, l’autre de bigarreaux jaunes qui trompera les merles et les loriots, du moins, nous l’espérons !
Pourtant notre vieil arbre de plein vent a relevé le défi, je l’ai dépouillé de ses branches abîmées et en échange, il s’est doté de deux nouvelles charpentières qui nous ont  offert une très belle récolte l’année dernière mais il ne faut pas rêver, il a près de trente ans comme tous les pionniers du verger et s’en ira un de ces printemps prochains.
Ainsi je me suis occupée, il y a quelques jours du dernier de nos anciens pommiers, un reine des reinettes dont je flatte amoureusement les charpentières et que je nomme amicalement Reine.
Cet arbre est réellement royal, surtout au printemps lors de la floraison très ornementale.
Il attire indéniablement tous les butineurs et les abeilles se régalent en vrombissant de contentement !
C’est l’indispensable et pratiquement universel pollinisateur pour les pommiers.
Ils étaient trois, parfaitement accordés, le créateur du verger a été très prévoyant et avisé !
Trois gobelets , un Royal Gala pour les croqueurs de pommes de l’après-midi, quand la chaleur harassante de fin d’été impose une courte pause, un Belle de Boskoop pour les dévoreurs de tartes et autres pâtisseries et Reine dont les fruits se dégustent de toutes les manières, pas trop acides pour que certains les dévorent à belle dents, alors que d’autres en feront l’indispensable ingrédient du canard aux deux pommes ou de délicieuses compotes sans parler des crumbles, des chaussons, des chutneys et autres merveilles.
Ils étaient trois gobelets et le sont toujours, mais les deux jeunots qui commencent tout juste à donner ne savent pas les histoires que Reine me raconte.
Elle me les chuchote quand je la dégage du néflier du Japon son envahissant voisin, elle me les murmure quand j’arrache à son pied du lierre et de la ronce,  me les débite à la hâte pour penser à autre chose quand j’évide toujours plus son collet où le chancre s’étend impitoyablement.    
Je ne l’avais pas taillée l’année dernière, prise de vitesse encore une fois et cette année, elle a largement eu le temps de me rapporter toutes ses anecdotes, tous ses souvenirs de la création du jardin, ses histoires de motoculteur, de remorque, ses craintes de la débroussailleuse qui d’ailleurs très probablement lui fit cette blessure jamais refermée que déforme le chancre.
Quand j’ai eu fini, de jouer de la scie d’élagage, de la cisaille, du sécateur, le tas de bois était impressionnant et deux heures étaient passées.
Je lui ai laissé le moins de bois possible à gérer, tant pis pour quelques pommes perdues, je voudrais bien garder Reine encore quelques années près de nous.
C‘est qu’elle n’a pas fini ses histoires d’orages violents et de gelées tardives qui brisèrent parfois ses promesses de jeunes pommes, c’est que je ne comprends pas vraiment ce que raconte cette ancienne beauté.
Ce n’est pas qu’elle déraisonne ni ne bredouille, c’est moi qui commence à oublier le parler des arbres, c’est que moi aussi après tout, je ne suis qu’une vieille toupie !  


Fleurs blanches, boutons et revers, bords des fleurs rose vif

Un arbre très poussant même s'il y a une trentaine d'années

Un grand pollinisateur aussi!

mardi 7 février 2012

Arrêt sur image 1: le vieux mimosa

Printemps 2006

Printemps 2012


               Comme le dit Jean Ferrat, on ne voit pas le temps passer, une de mes amies du forum vient de me le rappeler très à propos puisque j’avais décidé de poster ce premier arrêt sur image.
Le principe est simple, deux photos, prises à la même saison,  du même endroit,  avec plus ou moins de recul, histoire de corser un peu l’affaire! Mais pas la même année !
Le héros apparent est ici le vieux mimosa de garrigue planté sous l’orage comme il se doit, dans les années 80.
Nous le regardons de l’Hort , une parcelle qui fut un potager et qui en accueillera un autre , mais en pot, cette année 2012.
Six ans après, le mimosa  dont la floraison est moins avancée, n’a guère changé, il prend toute la largeur du talus et touche le mur qui remplace peu à peu le grillage des clôtures.
Pour prendre la photo de 2012, j’ai juste avancé un peu et laissé sur ma gauche l’Epicea excelsa , petit sapin de Noël acheté en pot en décembre 2001 et mis en terre au printemps suivant…lui a un rien grandi et élargi !
Les bambous sont à présent aussi grands qu’un Cyprès de Florence qui ne se voit même pas en 2006, trop petit !
La minuscule  tâche vert pâle située  à mi-chemin  du mimosa et du sapin est un Abelia grandiflora. Sur le cliché de 2012, il constitue le fond du massif de cette fameuse rose verte dont je vous rebats les oreilles, avec une acanthe, une euphorbe et ce grand bâton tout droit que je vous présenterai plus tard…
Ne cherchez pas la haie de persistants, à droite …en 2006, elle n’est même pas encore plantée !    
Par contre en 2012, les pins pignons tutoient le mimosa qu’il soit grimpé sur son talus ou non, il va falloir faire la police.
En 2006, on distingue sur la droite un piquet bien droit, un marronnier rose s’y appuie, sur la deuxième photo, la moitié de ses charpentières  apparaissent à droite.
Qui devient très grand,  pousse lentement   mais sûrement !
Certains végétaux de la première photo n’existent plus, le cyprès de Leyland  entre autre, regardez les souches, il était déjà un rescapé !
La fontaine zen, j’avoue…elle n’a pas  tenu  face aux intempéries et elle me semblait déplacée, pas de possibilité réelle d’alimentation en eau…une erreur.
Le sureau vert qui pourtant s’était semé seul  n’a pas surmonté plusieurs années de canicule.
La prairie, les mauvaises herbes si vous préférez, reculent peu à peu.
Le talus ce printemps 2012 en est presque entièrement dégagé, toute cette zone va être remaniée, l’exposition solaire y a beaucoup évolué, de jeunes esquisses de bonsaïs s’y nichent à présent…et  je vais y tenter l’implantation d’une pivoine arbustive….où exactement ? Je ne sais pas encore, je la déplace en rêve et la chouchoune en pot !
Oui, le temps passe, toujours trop vite paraît-il, qui n’en voudrait pas à loisir, à foison !?
Mais nous mesurons son passage de mille et une façons, personnelles et parfois successives, différentes !

Voir le temps passer dans notre jardin me comble de joie et de bien- être, j’ai tellement de chance d’y assister !
    

N'oubliez pas de cliquer sur les images pour les agrandir et les comparer!        

dimanche 5 février 2012

Par où commencer??



Parfois, je suis là, le sécateur à la main, avec tout près, dans la brouette,  la binette, le transplantoir, l’agenouilloir ;  le râteau appuyé contre l’arbre un peu plus loin, le seau pour les cailloux à ma gauche, celui pour les adventices à ma droite et même au large, la fourche plantée en terre et je regarde.
Quel désastre et par où commencer !?
Bon, le laurier panaché sur tige va bien, rien à y faire, on verra au printemps !
A son pied, c’est une vivace plus qu’une mauvaise herbe enfin, j’espère, je ne me souviens pas ! Où avais-je la tête quand j’ai entassé toutes ces plantes dans ce qui voudrait ressembler à un massif tout en longueur ??
Derrière et un peu à gauche, là, je sais, c’est une Achillée jaune, il faut tailler ras sans doute…oui mais les gelées, la neige…je vais attendre !
Le Miscanthus au fond, mais si …les grandes tiges raides , la graminée…Pas maintenant, ce sera vite fait et puis je taillerai en même temps tous ses petits frères du terrain…cela me fera un beau broyat !
La grande touffe verte, c’est un Melianthus major, lui aussi pas question d’y toucher, il va se prendre sa bonne petite gelée et repartira de la souche si cela ne descend pas en dessous de moins dix. En attendant, ses grandes feuilles qui captent si bien la rosée et la gelée blanche, le protègent ! Donc je ne touche pas !
Le sécateur commence à pendre au bout de mon bras…
Derrière, quelques graminées qui commencent juste à s’installer, des marguerites qu’il est trop tôt pour diviser et retirer de là…c’est bien trop serré !
Des valérianes, dont une blanche quand même, là aussi, c’était pour attendre mieux…on verra au printemps ! Je vais encore  jouer aux chaises musicales avec mes vivaces !
Et puis pas question de galoper dans le fond du massif, les Eremus de l’himalaya qui commencent juste à poindre vont en prendre un coup et puis il y a aussi ….je ne suis sais plus comment il s’appelle celui- là…la plante ananas… ah oui !  l’Eucomis comosa ‘Sparkling Burgundy’ ! L’hiver, il ne reste plus grand-chose de son feuillage pourpre et si par hasard, il s’était resemé tout seul ???
Heureusement que j’ai mis du sable pur baliser tout ça au début de l’automne. En taillant les ifs qui depuis ont bien épaissi, j’avais déjà failli faire un massacre !
Donc deux pas en arrière et hors du massif tout de suite !
La souche à gauche du laurier panaché, et si je me la dégommais, immédiatement, …à la masse !...
C’est trop tôt, on va laisser évoluer encore un peu, il ne faudrait pas que je me fasse mal juste quand il y a tant de travail à faire…
La bordure alors, je désherbe un petit coup, je rectifie un rien la forme du massif et je pose quelques caillasses sur géotextile.
Oui, mais les caillasses je n’en ai plus pour l’instant et le géotextile, tout seul , guère esthétique hein !
Ne poussez pas pour me montrer les tiges à rabattre de la Sauge leucantha à côté du Miscanthus, pour les vivaces, je vous dis, c’est un peu tôt, ça protège, tout ça !
Ne poussez pas ! Nous allons tous nous retrouver dans la fosse qui délimite les bambous ! C’est profond, 30 cm et puis c’est quand même large, on va y laisser une cheville ou deux !
Et puis, ce n’est pas fini et puis, c’est l’autre jardinier qui s’en occupe…moi, j’ai juste le droit d’applaudir !  A chacun son travail !
Les bambous de toutes façons, il ne s’agit pas de s’y mettre maintenant, ni de désherber, ni de retirer quelques chaumes trop serrés, encore moins d’arroser !
Il faut faire ça juste avant que les nouveaux turions ne sortent…là c’est pareil, nous allons tout écraser !
Laissez- moi, reposer mon sécateur dans la brouette !

D’ailleurs à propos de brouette, moi, j’en vois une la roue en l’air, là-bas tout au fond !
Qu’est-ce que c’est que ce tas de gravats abandonnés par le maçon au pied du vieux mimosa ? Cela ne doit pas lui plaire, au mimosa !
Et puis, il entame sa floraison, je ne vous raconte pas les magnifiques photos que je vais faire du tas de gravats…et de la brouette !
Bon, en route, je vais dégager tout ça !
Comment, il y a au moins 25 brouettes de sable, de reste de crêpi et même un sac de chaux !?
Nous prendrons notre temps…vous revenez demain pour m’aider !??
Mais non, je plaisantais, il y a parfois trois paires de mains pour pousser la brouette en se relayant, nous y arriverons !
Le massif ? Nous verrons ça au printemps, c’est plus sûr !
Ah oui...n'oubliez pas de cliquer sur la photo de temps en temps, parce que si
non vous n'allez rien voir!

vendredi 3 février 2012

Vive les kumquats!

Kumquat japonica sous la neige

Kumquat hindsii février 2011 

Kumquat hindsii sous la neige, seuls les fruits ont gelé

Kumquat hindsii février 2012
Qu’il soit entendu une bonne fois pour toute que j’adore les agrumes….surtout en confitures d’ailleurs !
Mais les Kumquats, si vous saviez, c’est… ! c’est  vrai, les fruits, il faut que cela plaise ! et cela ne me plait pas trop ! surtout crus avec la peau qui est trop amère à mon goût !

Le feuillage par contre, jamais pâlichon, jamais déplumé ! d’un beau vert foncé bien brillant !

Les fleurs constellent l’arbre qui porte parfois des fruits en même temps ! Elles sont d’un blanc pur avec un doux parfum.

 Les fruits  ont toutes sortes de formes, plus moins ronds, plus ou moins gros aussi !

 C’est qu’il y a de nombreuses espèces dans cette famille des Rutacées.

 Ainsi je cultive le Kumquat japonica aux fruits ronds, et l’obovata aux fruits tout à fait oblongs et d’une teinte légèrement plus claire, et un hybride le Kucli.
Mais surtout, ce sont des agrumes rustiques qui ne craignent ni le froid, ni la neige et ne sont pas si épineux que ça !
Mon préféré reste le Kumquat hindsii, celui de Hong-Kong avec ses minuscules fruits rouges à maturité et qui restent très longtemps sur l’arbre.
Sa rusticité, est sujette à caution, les autres tiennent le -10° sans souci.
mais il pousse en pleine terre, entame son deuxième hiver, a supporté sans dommage la neige et quelques gelées , courtes c'est vrai…mais c’est prometteur. Il faut attendre!
Comme tous les Kumquats, il pousse lentement et il se pourrait que je ne résiste à l’envie d’en acquérir un autre, pour en faire un bonsaï d’extérieur ou d'intérieur d'ailleurs car comme le Calamondin, il accepte de partager nos lieux de vie quand ils sont clairs et pas trop chauffés!

Voilà un gentil compagnon qui illuminerait mes prochains hivers !

jeudi 2 février 2012

En revenant de la carrière...



En revenant de la carrière, je suis allée jouer au petit manœuvre !
Le blog est en plan, ces temps-ci mais ça y est, il repart !
Il faut dire que j’ai beaucoup circulé, visites de jardins sur la côte d’Azur,  foire-exposition  de Mimosalia pour dénicher les dernières invitées à la rose Verte, derniers projets pour l’avenir du jardin et ceux qui y vivent aussi !
Si chaque parcelle du jardin est loin d’être aboutie, le plan d’ensemble est définitivement arrêté et la réalisation finale dépend simplement du temps qui passe et des capacités financières et physiques surtout !
Pour l’instant, tout avance, pas à pas, je continue d’apprendre la patience, l’endurance, la ténacité !
Si je joue au manœuvre, c’est que le maçon qui a entrepris de construire ce très long mur qui va clore partiellement le jardin, se débat avec de multiples chantiers et découvre avec stupeur l’ampleur de celui qu’il a entrepris ici.
Alors aide- toi et le ciel t’aidera, je rencontre, j’écoute, j’expose mon point de vue et mes difficultés, je donne le coup de main si nécessaire et les choses avancent !
Avec un peu de chance, je serai très occupée à palisser les rosiers lianes sur ce nouveau mur ce printemps et je continuerai à l’automne et …va savoir !
La carrière… nous avons toutes sortes de lieux qui nous servent de carrière d’occasion, la montagne en regorge et ce n’est pas les éboulis qui manquent par ici, l’érosion est terrible !
Les pierres récupérées, petites ou grosses, cernent les massifs, balisent les allées, établissent les rocailles, et surtout retiennent l’eau, freinent la pente excessive du terrain, créent de petites poches d’humidité où j’arrive parfois à implanter l’improbable qui entraînera l’impossible au premier abord où viendront se nicher tout un petit peuple qui se terrait dans les recoins du jardin ou en avait complètement disparu !
Je suis sans doute l’une des rares jardinières à aimer les escargots autrement qu’au beurre persillé !
A bientôt, à demain !