arbustes du jardin de La Rose Verte

jeudi 3 mai 2012

Tout un chapitre...





Chaque soir se pose sur les collines et je n’arrive guère à faire quoi que ce soit d’autre que d’aller dormir tant le travail au jardin est intense et pénible. Chaque jour voit une urgence à gérer de plus et tout s’accélère !
Cependant, j’ai décidé de partager avec vous ces instants parce qu’ils sont très importants pour notre jardin et ceux qui y vivent !
Pour commencer, vous dire que tout ce que je plante en catastrophe et envers et contre tout depuis 12 ans maintenant, est en train d’arriver à maturité, peu à peu et parfois par surprise !
J’avais bien raison de penser que les seuls végétaux qui ne poussent pas, sont ceux que l’on ne plante pas et aussi que les mauvaises herbes, les gravats, le bric à brac plus ou moins jardinier n’empêche pas les rosiers de fleurir ni les arbres de grandir !
Cela fait bien longtemps que je gère tout ça, au jour le jour, plus ou moins bien, avec des hauts et des bas mais avec une constance qui n’a d’égale que mon obstination.
Pour commencer, je vous offre justement une rose, Reine des Neiges, assez rare, naissant liserée de rose vif mais portant bien son nom à sa pleine maturité, faisant partie des roses familiales, de celles que je sais plantées là où vivent ou ont vécu ceux de mon sang même si je n’ai jamais vu en réalité « notre » Reine des neiges. Le rosier n’a que quelques années mais est couvert de boutons, qui ne se renouvelleront pas, il n’est pas remontant ; quel mal, j’ai eu à l’amener à démarrer dans ce sol ingrat où j’ai parfois presque honte de planter tant de rosiers !
Maintenant regardez le bel écrin pour cette première vraie floraison ! La construction du mur d’enceinte dure depuis janvier 2011 ! Je vous dispenserai des multiples péripéties…en partie crépi, parfois surmonté de tuiles, bien loin d’être fini !
Les plupart des rosiers sont des grimpants voire des lianes et survivent tant bien que mal, palissés à la diable sur tout et n’importe quoi, gravats aux pieds, éclaboussés parfois de chaux ou de crépi…certains n’ont pas survécu, mais peu…globalement ils tiennent bien le coup et même prospèrent stoïques, attendant les jours meilleurs  qu’inlassablement je leur promets en les aidant de mon mieux !
Le jardin entre dans son adolescence, il a trente ans de culture seulement, que c’est peu pour certains arbres, ceux d’alignement, ceux qui le structurent, la plupart d’ailleurs n’ont qu’une dizaine d’années !
Mais la trentaine , c’est aussi la fin d’une vie quand on est un fruitier, tout le verger a été replanté, la relève est assurée, le dernier sera un pommier Reine des Reinettes cet automne, pour être sûr que tous les autres pommiers seront pollinisés convenablement.
Certains anciens ont été abattus, deux pruniers le seront demain ainsi que d’autres arbres !
Le vent est cruel ici, certains arbres n’arrivent pas à lui tenir tête…demain, je vais devoir les regarder disparaitre après m’en être tant occupée. Mais il faut savoir accepter l’évidence et ne pas attendre la catastrophe inéluctable.
Il faut aussi s’en prémunir, un grand pin d’une quinzaine de mètres va être élagué, il offre trop de prise à la tramontane, la prochaine tempête pourrait lui être fatale dans sa frénésie de croissance ! Nous l’avons appelé Speedy Gonzalès, ses bourgeons mesurent une trentaine de centimètres chaque printemps !
Dans deux jours, tout une période du jardin, tout un chapitre de sa vie aura été tourné et quand ce mur , un jour sera fini…et il le sera…c’est certain, il progresse très vite ces dernières semaines, le jardin ne ressemblera plus du tout à celui que j’ai découvert au printemps de l’an 2000.
Je mentirais si je disais que dans ma tête, dès que je l’ai vu, je n’ai pas commencé à imaginer comment il pourrait être un jour mais je l’aimais aussi comme il était,exubérant et sauvage, négligé mais si plein de vie !
Je veille d’ailleurs et sans nul mal à ce qu’il ne soit pas trop policé et ce n’est pas demain qu’il paraîtra trop soigné ! Il y a tant à y faire, il est si exigeant, je ne suis pas de taille et le serai de moins en moins mais ce n’est pas grave, c’est un si agréable compagnon.
Imprévisible, facétieux, généreux, romantique, il n’est qu’un petit morceau de garrigue qui ne se laisse apprivoiser que pour se dérober quand on s’y attend le moins ! et c’est comme ça que je l’aime… et je crois bien qu’il m’aime un peu aussi…il me consent tant de trésors !






Quand je suis arrivée, poussait un tout petit lilas double pourpre qui s’est étoffé au fil des années et commence à ressembler à autre chose qu’à un bonsaï naturel. Il était planté sur un talus, pour y accéder quelques marches, en face de lui j’ai supposé qu’il aimerait un vis-à-vis et ai ajouté un autre lilas mais d’un mauve beaucoup plus rose, très doux. Ainsi le tendre lilas ‘Katherine Havemeyer’ ferait face au tonique ‘Charles Joly’et à eux deux, me permettrait d’emprunter ‘La Porte d’Amethyste’. Allons ne vous moquez pas, vous me savez aussi fantasque que mon jardin !
Et puis dans ma tête, je suis toujours aussi jeune que lui, c’est pour cela que l’on s’entend si bien !
Ce printemps, après 10 ans d’attente, le lilas mauve vient enfin de fleurir, l’attente en valait la peine, non ?
Maintenant, il va falloir le faire grandir !