arbustes du jardin de La Rose Verte

mardi 24 juillet 2012

Oh,soleil!


Le soleil est au jardin, l'artisan de mille merveilles et son pire ennemi! Tout dépend de la saison et de l'heure, de l'endroit et du végétal qu'il cajole ou achève...
Si en moment, il est redoutable, c'est aussi lui qui se glissant sur le talus, défiant les ombres conjuguées des mimosas illumine en fin de journée la Stipa tenuifolia. Issue d'une poignée de graines négligemment jetée aux quatre vents elle a eu la bonté de bien vouloir germer et de grainer à son tour, je récupère régulièrement ses rejetons. C'est un souvenir végétal d'une amie encore plus passionnée de nature que moi, de ceux qui sont plus en connivence avec les plantes que les gens...j'avoue que j'en suis parfois.
Au coeur de cet été particulièrement sec à défaut d'être très chaud, nous avons vu pire, je lutte vaillamment contre le soleil et ses méfaits: rusés arrosages à des heures indues, de très tôt le matin à très tard le soir, en passant par toutes les autres heures de la journée, dès qu'une parcelle en fait ne risque plus d'être touchée par l'astre scélérat, je l'imbibe soigneusement.
Pas trop souvent mais en profondeur, quel que soit le moyen que le jardinier catalan utilise, de l'arrosoir au goutte à goutte, du petit flot prolongé à l'inondation lente, telle reste sa devise: jusqu'à plus soif mais le moins souvent possible. De l'eau, il n'y en a jamais assez pour tout le monde!
Ici même les succulentes la réclament, même le cierge du Mexique jaunit et se déshydrate!
Que dire de la végétation agrippée aux collines qui grille doucement dans la stridulation des cigales, plutôt rares ici cependant ?
En haut de l'une d'entre elles, la plus proche du jardin, le feu a couru, il y a quelques semaines, les pompiers l'ont maté en quelques heures mais je n'en menais pas large. C'est une bonne partie de la Catalogne qui s'est embrasée, ce dimanche, de chaque côté de la frontière, le feu se moque des conventions humaines. Il se nourrit d'imprudence, de vent et de sécheresse, et de tous ces obstinés végétaux qui poussent envers et  contre tout entre deux cailloux, à l'ombre des pins qui flambent comme des torches, sous le moindre rebord rocheux, au fond de la plus étroite combe humide. Pour tous ceux-là, pour ces hectares qui mettront des années à reverdir, le coeur me saigne, les larmes me montent.
Samedi, la vallée du Boulès à quelques kilomètres du village brûlait déjà et le ballet des canadairs, des bombardiers à eau, s'est mué en véritable pont aérien pendant toute l'après-midi d'hier au-dessus du jardin.
Au-delà de toute la compassion que je ressens pour tous ceux qui sortent plus ou moins meurtris de ce brasier, certains l'ont payé de leur vie...outre l'admiration et le respect que j'éprouve envers les combattants de ces incendies qui par chez nous sont souvent des pompiers volontaires, agriculteurs, commerçants, artisans, tous métiers confondus, je me pose bien des questions.
Questions sur le bien-fondé d'implanter un jardin d'agrément si près de la garrigue, livrée à la sécheresse toute l'année, où le vent hurle quatre jours sur cinq, que le soleil inonde en toutes saisons.
C'est bâtir sur du sable, c'est contre nature et peut-être vain?
La souffrance des plantes du jardin, même de celles qui sont censées être compatibles avec ce climat extrême, me laisse de plus en plus souvent perplexe.
Quand j'ai commencé à créer ce jardin, je n'avais pas toutes les données en main, j'aurais dû d'abord observer au lieu de foncer tête baissée dans ce projet. Inconscience donc d'abord, mais je me suis obstinée.
Jardinier depuis si longtemps, j'en ai les réflexes, les défauts et les qualités aussi. Bourrue, endurante, têtue, patiente me caractérise assez bien.
Mais n'est-ce pas de la simple vanité qui me pousse à tenter l'impossible sur ce bout de terrain grillé et caillouteux?
Quoi qu'il en soit, j'ai planté...et implanté cahin-caha tant de végétaux...Que puis-je faire d'autre maintenant que de tenter d'en prendre soin, le mieux possible? 
Je ne peux me défiler devant cet engagement: simplement continuer à apprendre, le comment faire, le mieux faire au maximum de mes capacités.
Mettre ma réflexion au service de ce qui souvent n'était qu'une envie égoïste de beauté, le pire étant que j'ai réellement la main verte et que je m'apprête à accueillir notre première récolte de 'Mirabelles de Nancy' en pays catalan... 

2 commentaires:

  1. J'imagine bien les mirabelles bien parfumées et gouteuses avec le soleil si présent par chez toi !
    Nous avons bien pensé à toi lors de tous ces incendies ravageurs de ces derniers jours.Quelle désolation et quelle tristesse à chaque fois .

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  2. Les mirabelles seraient mieux à Nancy, je pense...là, elles sont sous filet pour que les oiseaux nous en laissent un peu, pêches données par nos voisins agriculteurs, poires de notre grand poirier qui donne régulièrement à présent. Je suis dans les congélations et les confitures, les crumbles,les compotes et salades de fruit aussi! l'été a ses bons côtés!

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